Focus : Entrevue avec François Renou, fondateur de la société Opal Games

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#Focus #Start-up

Nous avons eu le plaisir d’échanger avec François Renou, jeune entrepreneur du territoire qui a fondé la société Opal Games et qui témoigne de son expérience dans l’entrepreneuriat des jeux vidéo.

"Aujourd’hui, je pense qu'il faudrait aller vers une consommation éclairée des jeux vidéo."
François Renou


Suite à un licenciement économique, il crée sa boîte en 2017 et s’installe à la Maison des Entreprises de Versailles Grand Parc en 2019. Depuis, c’est une success story : ses travaux lui valent des distinctions en France et à l'international.

Nous vous invitons à découvrir son portrait dans cette courte interview.

Bonne lecture !

Un petit pitch pour vous présenter en quelques mots?

J’ai fait ma formation initiale en école d’ingénieurs en informatique. Dès la fin de mes études, je me suis orienté dans le domaine des jeux vidéo. J’ai effectué des stages dans différentes structures notamment chez Ubisoft, mais après cette première formation assez technique, j’ai voulu me spécialiser dans le domaine de la conception. J’ai donc entamé un mastère spécialisé à Gobelins, l’école de l’image. Ensuite, j’ai été chef de projet-concepteur en charge de la partie prestations de Bulkypix (Vélizy) pendant quatre ans.

A la suite d'un licenciement économique, je me suis mis à mon compte et j'ai créé Opal Games. Grâce à un projet avec le CEA Paris-Saclay,  j’ai pu lancer mon activité en juillet 2017. En effet j’ai été chargé de la conception d’un jeu scientifique à destination d’élèves en collège / lycée. J'ai donc accompagné les équipes du CEA dans la conception des niveaux de jeux et le scénario.

Cette expérience m’a permis de me lancer dans les services de prestations sur la conception puis sur le développement et l’édition.

A qui sont destinés les services que vous proposez et quels sont-ils ?

Dès l'ouverture de l’entreprise, j’ai proposé mes services en BtoB pour tout ce qui concerne  le conseil game design puis en développement complet d'applications ludiques. Par exemple, en ce moment, je travaille avec le CNRS sur un jeu mobile avec pour  thème  le  changement climatique.

Cette application devrait être exposée au Palais de la Découverte prochainement. C’est le premier projet pour lequel je travaille sur toute la chaîne de valeur : en plus de la conception, j’encadre le développement (graphisme, programmation, accompagnement de la mise en ligne…).

J’annonce toujours à mes futurs partenaires que je valorise mes produits et mes projets à l’expérience et à l’instinct. Le fait d’être une petite structure,  me permet d’ d’etre flexible,  et de réaliser un travail de détail afin de ne pas perdre notamment la composante artistique.

Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans l’entrepreneuriat ?

la création d’entreprises n’était pas vraiment une vocation, mais j’ai suivi les pas de ceux qui m'ont inspiré et qui m’inspirent encore aujourd’hui. Quand est dans une  grande structure, on a rarement l’opportunité de choisir ses projets. Devenir entrepreneur était pour moi l’opportunité de faire des choix, de me développer sur des marchés qui m’intéressent et donc de m’épanouir professionnellement. Ce projet de création d’entreprise correspond aussi à une volonté de montée en compétences. Je voulais développer mon travail dans un style de jeux plus alternatif et indépendant.

Pourquoi  avez-vous décidé de lancer votre entreprise sur le territoire de Versailles Grand Parc?

J’ai constaté qu’il existait un historique fort entre le territoire et l’industrie du jeu vidéo : je pense notamment à Coktel Vision ou à l’implantation de Blizzard.

Après la fermeture de Bulkypix, une bonne partie des employés s’est dispatchée sur le territoire pour créer une activité propre ou travailler pour d’autres structures ou profiter d’autres opportunités dans la région. Je n’avais pas de formation préalable de chef d’entreprise. J’ai été accompagné par l’ancien directeur financier de Bulkypix qui fait profiter de son expérience du conseil auprès des jeunes entrepreneurs. Je suis arrivé à la Maison des Entreprises en janvier 2019 pour permettre de mieux séparer ma vie privée et ma vie professionnelle, accéder aux services et locaux de la structure et pouvoir accueillir des stagiaires et de nouveaux salariés.

Grace à mes précédentes expériences et mes projets actuels avec des grands donneurs d’ordre j’ai pu et je continue de tisser un réseau suffisamment important et qualifié pour ne pas avoir à faire beaucoup de prospection. Un projet en entraine un autre et le fait d’avoir d’anciens collègues qui évoluent dans des entreprises diverses m’aide beaucoup. Grâce à mon réseau j’accède à de nouveaux secteurs, à d’autres milieux.

Jusqu’à aujourd’hui  tout se passe selon les objectifs que je m’étais fixés. Durant le confinement, j’ai pu maintenir l’activité et faire face aux soucis dans le respect de mes prestataires et développeurs..

Parlez-nous des prix que vous avez reçus récemment pour votre activité.

Dans l'écosystème du jeu vidéo français, je me positionne comme un indépendant. Je me suis lancé avec   mes  fonds propres et je travaille avec des nombreux studios. J’ai détecté un besoin  pour certains développeurs de jeux vidéo : mettre leur jeu sur le marché et le valoriser relève d’un parcours de combattant.

L’année dernière, j’ai donc lancé mon activité d’édition et j’ai pu accompagner deux projets indépendants.

Le premier était « Powernode » (un puzzle game sur mobile créé par deux développeurs ukrainiens). J’ai eu l’incroyable opportunité de voir le jeu mis en avant sur l’App Store aux Etats-Unis. Et il a été également choisi comme « Jeu du jour » par Apple et présenté sur la page d’accueil de leur plateforme ce qui a permis un "boost" de visibilité.

Ensuite, j’ai édité « Un Pas Fragile » : un jeu créé par des étudiants de L’École nationale du jeu et des médias interactifs numériques . Il avait gagné le prix du « Meilleur Jeu Étudiant » lors de l’Independent Games Festival à Los Angeles.

Un nouveau prix a été lancé cette année par le Syndicat National du Jeu Vidéo : les Pégases. Cette récompense a pour ambition de devenir une cérémonie importante dans le milieu. Opal Games a été nommée deux fois avec « Un Pas Fragile » dans les catégories Meilleur personnage et Meilleur premier jeu.  

Nous avons remporté le Pégase du Meilleur premier jeu face à des concurrents de taille ce qui nous a rendu très heureux ! Opal Games a également été nommé dans la catégorie Meilleur jeu indépendant aux Ping Awards, une cérémonie historique de remise de prix pour les meilleures créations vidéoludiques française qui se tiendra en fin d’année.

Qu’est-ce qui vous a aidé à mener à bien votre projet ?

Dans un premier temps, je doutais de ma capacité à mener un projet entrepreneurial. J’ai alors décidé de me fixer des paliers d’objectifs afin de valoriser cette expérience professionnelle peu importe le résultat final. Ce fut d’abord un client, puis un projet, puis sortir un jeu. Avec le Prix j’ai coché un peu tous les objectifs que je m’étais fixés au début de mon aventure. Aujourd’hui, je suis conscient qu’il y a toujours un facteur chance quand on se lance dans ce type de projet mais je suis fier des résultats obtenus. Je dois maintenant me fixer de nouveaux objectifs, plus ambitieux.

Quel message voudriez-vous communiquer à nos lecteurs?

Je pense qu’il y a un déficit d'image sur les jeux vidéo, le grand public ne voit que la partie émergée de l'iceberg. J’aimerais qu’on prône cette diversité dans l’écosystème des jeux vidéo. Il faudrait mieux acculturer le grand public à la richesse offerte par les différents sujets et supports des jeux vidéo mais aussi le sensibiliser davantage à ses aspects « moins brillants », comme les questions d’addiction ou de dépenses impulsives par exemple. Aujourd’hui, je pense qu'il faudrait aller vers une consommation plus éclairée des jeux vidéo.