Enjeux et diagnostics préalables

À l’origine, une aventure industrielle unique

Au milieu du XVIIIe siècle l’atelier d’impression sur étoffe créé par Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) à Jouy-en-Josas se démarque des autres manufactures textiles et de l’impression des « Indiennes » alors à la mode. Son imagination, la création de motifs – dont les pastorales qui s’accordent parfaitement à l’esprit du siècle des Lumières – va lancer des modes et créer un style unique. La Toile de Jouy s’impose comme une marque d’élégance et de qualité. L’initiative audacieuse de cet homme créatif et visionnaire

va marquer l’époque et dès 1760, Jouy-en-Josas devient une « cité de la toile ». Son
emplacement est stratégique avec deux sources d’énergie (l’eau pure de la Bièvre et le bois de la forêt) sur place et la zone de chalandise exceptionnelle que représente la Cour à Versailles. L’expansion de la manufacture – alors 3e entreprise française – la diffusion des étoffes, des modèles et des techniques ainsi que l’influence artistique dépasseront largement les frontières du royaume. La Manufacture devient alors 1er atelier d’impression textile d’Europe.
Au XIXe siècle, la production (tissage, ennoblissement) se délocalise. Pourtant, la capitale influence toujours la création et la mode et reste un bassin de production important
(vêtements, décoration, mobilier, objets d’art). Depuis 1843, plus aucune « Toile de Jouy » n’a été imprimée sur place, mais son style caractéristique s’est imprimé durablement dans la mémoire et la culture et inspire toujours la décoration, l’habillement et plus récemment les objets domestiques (vaisselle…).

Aujourd’hui, un marché ciblé en devenir

Au XXIe siècle, la toile de Jouy s’impose toujours par son style et son héritage historique, actrice du renouveau de la filière textile en s’appuyant sur son musée, ses archives et ses collections. Son image de marque, de qualité, d’élégance, unique, inspire toujours les univers de la mode et de la décoration sans pour autant en faire bénéficier son territoire d’origine.

Pourtant, les besoins textiles ne cessent d’augmenter. La France importe 97% de ses besoins en textile et habillement. L’industrie textile française – habillement, cuir et chaussures – représente 11% des entreprises et seulement 3% en moyenne de l’activité manufacturière globale en termes d’emploi, de chiffre d’affaires, d’exportations. L’activité reste modeste au regard du marché européen et international (23 Md€).

Le marché textile français, fort d’une tradition et de savoir-faire historiques, est devenu pointu et ciblé.  Aujourd’hui, l’activité française s’est recentrée sur :  

  • la mode et le luxe (1er acteur mondial du secteur),  
  • les textiles techniques (2ème producteur européen),  
  • la production du lin (1er producteur au monde).

La production n’est représentée ni à Paris, ni en Île-de-France. La région héberge néanmoins de nombreuses grandes écoles et formations
(designers textile, restauration…), des éditeurs textiles, des fédérations (Fédération de la Maille, de la Lingerie et du Balnéaire à Clichy, Fédération de la Haute Couture et de la Mode à Paris) et les principaux salons, sans parler de la fashion week, génératrice à elle seule de 100 milliards de retombées dans le monde. Mais, nul lieu patrimonial, de rencontres, de ressources, fédérateur n’existe.

Dans d’autres régions émergent des filières spécifiques (lin), des pôles d’excellence pour les textiles techniques (Techtera en région Auvergne-Rhône-Alpes, Fibres-Energivie Grand Est) et la mutualisation de moyens s’organise (Pôle Textile Alsace avec son Marketplace-Textile).

Parallèlement, l’accroissement des besoins a démultiplié les risques environnementaux et pose des questions de fond qui appellent un lieu de débats, de projets, de recherche et d’innovation. La filière et les consommateurs s’interrogent sur les origines et la culture des fibres, les effets de la teinture sur la santé et la biodiversité, la consommation, la mondialisation, le gaspillage des ressources naturelles, la fast-fashion et l’utilisation du textile dans d’autres secteurs que l’habillement.

Un complément sur l’échiquier des musées régionaux et européens

Là où certains musées parisiens (Musée des Arts décoratifs et Palais Galliera) abordent le textile sous l’angle de la mode et de manière patrimoniale et classique, la Cité de la Toile se veut un lieu complémentaire d’exposition, de réflexion, de création, de production, de manipulation, de mise en commun et de partage pour l’ensemble des acteurs et des publics.

  • La Toile de Jouy, un patrimoine français mondialement connu, dont les ressources et la reconnaissance ne bénéficient pas ou peu à son territoire d’origine
  • Un cas d’école pour redynamiser la filière textile (relocalisation, formation, écologie, création)
  • Un secteur textile très présent en Ile de France mais mal représenté publiquement et professionnellement
  • Un musée au fort potentiel de développement, pour l’instant excentré et inadapté aux collections textiles
  • Un nouveau modèle économique à définir (préservation du patrimoine soutenu par sa valorisation artisanale et industrielle) et une protection juridique à renforcer (label ou marque territoriale)
  • Un territoire intercommunal qui se mobilise pour sa dynamique culturelle, touristique et économique, avec une prise en compte des enjeux de développement durable

Contact

Charlotte du Vivier-Lebrun Directrice du Musée de la Toile de Jouy
Cheffe du projet « Cité de la Toile »
01 39 56 48 64 / 06 07 34 76 52
c.duvivier@remove-this.jouy-en-josas.fr

Une Cité pour la Toile

Revue de presse

Les ECHOS 22 octobre 2023 : Une « Cité de la Toile » en projet à Jouy-en-Josas

Le Mot du Maire de Jouy-en-Josas - Mars 2023 : Jouy, cité de la toile, c’est une évidence. Alors pourquoi
un "projet Cité de la toile" ?

Le Parisien Yvelines - 18 avril 2021 : Jouy-en-Josas, future Cité du textile

Premiers chiffres clés

À date, l’investissement prévisionnel (toutes dépenses confondues) est estimé à 30 M€HT.
Le fonctionnement annuel moyen évalué de 2,4 à 2,9 M€ (les 3 premières années de la Cité). La base de calcul repose sur une fréquentation prévisionnelle de 50 à 70.000 visiteurs et professionnels.

Un projet incarné

par l’aventure humaine, technique et manufacturière qui a marqué le territoire et la France et par l’image de marque – la toile de Jouy – jamais démentie et toujours source d’inspiration et de modernité.

Un projet iconique

par la palette d’activités et d’actions qu’il déploie dans une région où la filière textile est présente dans de nombreux domaines mais manque d’une « tête de pont » publique et professionnelle.

Un projet entrepreneurial, patrimonial et culturel engagé 

qui revendique des activités économiques sources de développement et d’éco-responsabilité.

Une transition du Musée vers la Cité 

du visiteur à l’acteur, enrichissant la conservation et la médiation par la production et la diffusion, valeurs ajoutées aux activités de la filière textile et localement à son territoire.