PRO'jecteur sur... Isaure Lavergne

Musicienne et ergothérapeute

En langage familier on dira que ce sont des pointures... Plus littérairement qu’ils sont doués ; que ce sont parmi les meilleurs dans leur discipline, musiciens ou acteur. Pour les premiers, ils parcourent le monde entier, jouent dans les plus grandes salles et avec les orchestres les plus célèbres. Ils ont souvent créé leur formation afin de maitriser « toute la musique qu’ils aiment ». Pour le second il a appris et joué avec les plus grands noms du théâtre. 
Ils se retrouvent sur une passion commune, outre la musique, l’enseignement. Et c’est au cœur du conservatoire à rayonnement régional de Versailles Grand Parc qu’ils la font vivre. 

Le corps ne ment pas

Cinq lettres et le silence. Cinq lettres et le grand vide. Isaure Lavergne, se souvient de ce choc « Je venais de finir mes études, je commençais tout juste ma vie de concertiste et là d’un coup tout s’arrête : COVID ». Et une prise de conscience : « mon milieu professionnel était aussi mon milieu social ». 
Il a fallu réagir. Bilan de compétences, accompagnement et cette jeune femme issue d’une famille de médecins se lance : ce sera l’ergothérapie : « j’ai fait trois ans d’études. Il y avait cette dimension action sur le terrain qui est dans mon ADN ». Elle alliera donc l’utile à l’agréable : le soin et la musique. Elle intègre, en septembre 2024, le CRR comme professeur de flute à bec et parallèlement le tout récent pôle santé du conservatoire à rayonnement musical de Versailles Grand Parc destiné à prendre soin des musiciens physiquement et psychologiquement.
Elle accompagne tant les débutants que les musiciens les plus aguerris et les professeurs. « L’ergothérapeute analyse l’activité globale de la personne. Nous devons mobiliser pour cela des connaissances physiques, émotionnelles. Le corps ne ment pas. Un musicien en surmenage, épuisé n’arrive plus à jouer. Son corps n’obéit plus. Il peut être également stressé par les concerts. Or un musicien a du mal à s’arrêter. Nous faisons du sur mesure. Le poids des instruments, la structure asymétrique de certains est également une cause de dérèglement du corps ».
Cette prise en compte de la santé est nouvelle dans l’environnement musical français Comme l’explique Isaure Lavergne « les pays anglo saxons ont beaucoup d’avance sur nous. Ils considèrent le musicien comme un sportif de haut niveau. En France, nous sommes dans la révolution de cette compréhension. Des maisons de facteurs se sont saisies du problème et fabriquent leurs instruments avec de nouveaux matériaux, des bois différents et n’hésitent pas à les faire en 3D ». 
Et les enfants sont les premiers à bénéficier de cette révolution et de sa présence au CRR. Elle est un peu « interpellée » par leurs emplois du temps de « ministre ». Il faut qu’ils choisissent quelle est leur priorité et ne pas faire de la musique de façon contrainte. Il faut expliquer tout cela aux parents. Et ne pas vivre l’arrêt de l’un ou l’autre des choix comme un drame. 
Et elle dans tout cela ? que devient-elle cette musicienne passionnée qui sait si bien s’occuper des autres ? Son esprit curieux est toujours aiguisé. Ses 50 flûtes à bec, ses 10 bassons, ses flageolets sont toujours sollicités régulièrement pour les concerts qu’elle donne avec ses différents ensembles. Elle fabrique ses propres anches et a même crée son petit atelier. 
Son intérêt pour la culture sud-américaine lui fait découvrir la flûte quena, instrument traditionnel d’Amérique latine. Le groupe Alkymia l’a accueilli à bras ouverts. « Mon métier n’est pas figé. J’ai besoin que ça bouge » conclut-elle.

Depuis sept. 2024 : PEA au CRR de Versailles Grand Parc
2023 : D.E. d’ergothérapeute, ISTR Lyon 1
2017-2019 : Masters au CNSMDL
Concerts & disques : Le Poème Harmonique, La Cappella Mediterranea, Alkymia