Focus : Les Moulins de Versailles, manufacture de proximité de farines et mélanges écoresponsables

Qu’est-ce qui a motivé cette décision de reprise il y a quelques années ?

Meunier, dans notre famille, est une vraie passion : "Chaudé" veut dire "moudre" en Langue d'oc. C’est mon arrière-arrière-grand-père qui a créé cette entreprise à Versailles. Je l’ai toujours eue dans le sang. Depuis tout petit, je passe devant le bâtiment et je me dis « j’ai envie de faire quelque chose de toi !». Au niveau qualité, nous avons un terroir, des machines d’exception et un savoir-faire qui se perpétue de génération en génération. 

Pouvez-vous présenter l’entreprise ? 

Je n’aime pas décrire Les Moulins de Versailles comme une industrie, mais plutôt comme une manufacture de proximité. Nous sommes de véritables artisans. Les machines que nous utilisons sont très techniques mais apportent un caractère d’exception à nos farines. 

Notre entreprise est unique pour des raisons historiques et architecturales. Le moulin est au cœur de Versailles depuis 1905. C’est un bâtiment du XIX^ème siècle dont une partie est construite sur le cadastre Napoléonien, avec une façade style Art Deco ajoutée au début du XX^ème siècle. 

Nos machines sont françaises et ne sont plus fabriquées aujourd’hui. Il s’agit de véritables machines de collection : certains silos à blé utilisés dans le process ont plus de 100 ans. Ce matériel confère aux farines un caractère unique. 

Notre métier est de transformer le blé, cultivé dans un rayon de moins de 100 km autour du moulin, en farine. Des ingrédients  qui voyagent moins sont des ingrédients qui polluent moins.

L’entreprise est passé au bio il y a 3 ans dans le but de faire évoluer cette filière à notre petite échelle. Le fait d'etre labellisé EPV fait de notre moulin une exception.

Vous avez obtenu une subvention de la Région Île-de-France de 700 000 euros dans le cadre de PM’up industrie ; 

Comment cela va-t-il vous aider ?

PM’up Industrie permet la modernisation de notre production. Le but est d’investir et faire évoluer une entreprise qui a un savoir-faire ancestral, une histoire et d’y associer des éléments beaucoup plus modernes et à la pointe de la technologie pour répondre aux standards de qualité actuels et être en mesure de réduire la pénibilité du travail. 

Il ne suffit pas d’industrialiser comme tout le monde, au contraire, il faut trouver des outils de production différenciants, qui vont permettre de conserver ce caractère artisanal tout en réduisant la pénibilité et en améliorant les performances de l’entreprise. L’entreprise représente un enjeu stratégique pour la Région. Nous l’avons vu lors des guerres ou lors de crises plus récentes comme la pandémie que nous traversons en ce moment, il est nécessaire de permettre une certaine autosuffisance afin d'alimenter la population en produits locaux.

Quels sont vos projets de développement ? 

Lors de la visite d’Alexandra Dublanche (Vice-Présidente Développement Economique de la Région) début février, nous avons énoncé notre objectif de voir nos farines dans tous les points de vente en Île-de-France pour la rendre disponible à l’ensemble des franciliens. Ils auraient alors le choix entre une farine de base produite par un industriel et la farine locale à un prix abordable et de qualité. Nous aimerions aussi que les restaurants parisiens aient accès à nos farines via des distributeurs. 

Pour accompagner notre développement, nous avons besoin de plus de place à long terme et éventuellement de transférer une partie seulement de la production. L’assemblage de machines constituant notre process représente plus de 100 ans d’histoire, si nous modifions cela et que nous créons un nouveau moulin ailleurs, nous n’aurons pas le même produit à la fin. D’un point de vue marketing, l’histoire ne sera pas la même non plus.