PRO'jecteur sur... Noé Nillni

Professeur de trompette

Trompettiste ou L'école buissonnière

En langage familier on dira que ce sont des pointures... Plus littérairement qu’ils sont doués ; que ce sont parmi les meilleurs dans leur discipline, musiciens ou acteur. Pour les premiers, ils parcourent le monde entier, jouent dans les plus grandes salles et avec les orchestres les plus célèbres. Ils ont souvent créé leur formation afin de maitriser « toute la musique qu’ils aiment ». Pour le second il a appris et joué avec les plus grands noms du théâtre. 
Ils se retrouvent sur une passion commune, outre la musique, l’enseignement. Et c’est au cœur du conservatoire à rayonnement régional de Versailles Grand Parc qu’ils la font vivre. 


La trompette. Brassens s’y est frotté avec ses trompettes de la renommée. Les amateurs de jazz citeront quant à eux Miles Davies ou Louis Armstrong. Ceux de musique classique (nés dans les années 60) vous parleront de Maurice André, star française qui a popularisé la trompette, qui eut droit à un Grand échiquier, qui forma entre autres Bernard Soustrot et qui mit sur le devant de la scène la trompette piccolo moderne à quatre pistons. Et Noé Nillni, lui, parlera de sa passion. De cet instrument à vent déclaré « ingrat » qui a pourtant séduit tant de musiciens : « la façon de jouer de la trompette classique et jazz a été séparée alors que les deux se complètent » regrette Noé Nillni qui ajoute « on aurait intérêt à marier les deux ». 
Et pourtant ce jeune trompettiste au parcours déjà riche n’est pas encore allé sur les sentiers du jazz. 
Formé en CHAM à Versailles, dans les classes de Christian Pollin, il intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris et devient professionnel à 18 ans, un vrai défi : « très tôt j’ai dû apprendre à concilier le statut d’élève et celui de professionnel ». Il parcourt le monde, joue en solo ou en orchestre et trouve son équilibre avec à la fois les musiques anciennes, classiques et contemporaines. 
« La trompette est devenue ma seconde voix je m’exprime avec elle. Je souhaite abattre les frontières et faire qu’elle rencontre d’autres instruments. » 
Tout en gardant un pied dans l’académisme, il n’hésite pas à faire l’école buissonnière. Cette dernière l’a entrainé vers le cornet à bouquin. Et c’est à Bâle en Suisse, qu’il connait bien puisqu’il est soliste au sein de la Basel Sinfonietta, qu’il va approfondir sa connaissance et sa pratique de cet étrange, mais non moins extraordinaire instrument, classé dans les cuivres.
« Le cornet me fascine. Proche de la voix, il est plus souple et permet d’improviser. Je peux jouer avec un violon et c’est là que je rejoins le jazz » avoue-t-il en souriant. Avec la maturité, il trouve dans le cornet à bouquin le plaisir d‘avoir beaucoup de notes à jouer. « Je retrouve une forme de virtuosité ». 
Et cette virtuosité, ce plaisir des notes il va désormais pouvoir les enseigner dès le mois de septembre où il rejoint l’équipe du CRR. Un plaisir de l’enseignement qu’il a découvert lors des ateliers qu’il y a animés en 2022 avec le groupe de musique des Balkans Kosmopolitevitch : « Les jeunes ont fait un travail extraordinaire et ça m’a donné envie de poursuivre pleinement ».
Il commencera juste au moment où le CRR fêtera les cent ans de Roger Delmotte, grand trompettiste, qui y fut professeur pendant 35 ans. Et Noé Nillni de conclure « pour moi la boucle est bouclée je reviens à Versailles et je reprends le flambeau d’un très grand musicien ».

CV :
Noé Nillni, trompettiste, cornettiste et enseignant formé au Conservatoire de Paris (CNSMDP) et à la Hochschule für Musik Hanns Eisler à Berlin, est trompettiste co-soliste de la Basel Sinfonietta (Suisse). Il enregistre en 2023 son premier disque, « Les larmes… », qui reçoit le Coup de Cœur de l’Académie Charles Cros. Il se produit sur la scène de la Comédie-Française en 2022-23, dans le Roi Lear de Shakespeare (mise en scène Thomas Ostermeier), et la saison prochaine au Théâtre des Bouffes du Nord dans la nouvelle création de Lorraine de Sagazan. Sa technique instrumentale s’étend au cornet à bouquin et aux pratiques d’ornementation de la fin du XVIe siècle, ainsi qu’aux musiques traditionnelles d’Europe de l’Est et des Balkans, avec le groupe Kosmopolitevitch.