Les Archives communales, conserver et transmettre l’histoire de Versailles

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#Patrimoine

Savez-vous qu’à deux pas du château se trouve un établissement conservant l’histoire de la ville ? Les Grandes Écuries du château abritent les Archives communales de Versailles dont les origines remontent au XVIIIe siècle ! Nous vous proposons d’entrer dans ce lieu conservant la mémoire versaillaise.

Découvrez son histoire et ses collections avec Camille Pin, archiviste en charge des publics et de la communication. Les Archives communales conservent des documents exceptionnels sur l’histoire de la ville. Nous avons eu la chance de découvrir les deux plus anciens d’entre eux. Ils sont de précieux témoignages sur l’histoire méconnue de Versailles.

Remontons à ses origines

La municipalité de Versailles naît en 1787, créant ainsi ses premiers documents d’archives. En 1790, les Archives communales sont créées à l’Hôtel de ville, lorsque la municipalité s’y installe. “Le premier archiviste s’appelait Antoine Pourtier. Pendant 40 ans, il récolte et conserve les archives. Au début du XXe siècle, les archives sont rattachées à la Bibliothèque Centrale. Elles le resteront pendant près de 60 ans.” explique Camille. En 2005, les Archives communales déménagent aux Grandes Écuries du roi car il n’y a plus de place à l’Hôtel de ville. Ce nouveau site permet de récupérer les documents des services de la Mairie. Elles rassemblent à ce jour 3 km linéaires de documents papier datant du XIVe siècle à nos jours témoignant de l’histoire de la ville : registres paroissiaux, état civil, recensement de population, délibérations du conseil municipal, dossiers d’urbanisme, fonds iconographiques, presse locale etc.

Ses missions

Les Archives communales sont indispensables pour rassembler et protéger les fonds et collections publics et privés. Elles sont obligatoires et dépendent du Code du Patrimoine afin de conserver la mémoire collective. Les missions des archives sont souvent résumées par les 4C.

Tout d’abord, il s’agit de collecter les documents auprès des services et des établissements de la ville. La collecte permet de conserver les documents historiques et d’éliminer ceux qui sont inutiles en respectant des mesures strictes décidées par la direction des Archives de France. Il est inutile de conserver l’ensemble des archives. Les archivistes utilisent des tableaux de gestion mentionnant la durée de vie administrative des documents. Ces éliminations se font sous le contrôle du directeur des Archives départementales. “En général, on élimine 10 tonnes de papier par an. On rédige un bordereau d’élimination en notant les documents ou les boîtes éliminées. Ensuite, nous faisons appel à un prestataire extérieur qui broie et recycle les documents en prenant soin qu’aucune information confidentielle ne soit lisible.” précise Camille.

La seconde étape est celle du classement. Pour chaque versement de documents, on attribue un numéro à la série W. Le premier versement s’appelle “1W” et le centième ‘’100W”. Ce type de classement est commun à tous les services d’archives. La cote est le code d’identification unique permettant de localiser un document dans les magasins d’archives (endroit de conservation des documents). “Ce système nous permet de mieux cibler les fonds quand nous avons des demandes de lecteurs”.

Ensuite, il faut conserver les documents afin de les protéger de la lumière, la poussière, la chaleur, le froid, l’humidité, le feu, l’eau, les insectes ou rongeurs. Les archivistes dépoussièrent les documents, extraient les trombones, épingles, scotchs et conditionnent les documents dans des matériaux neutres. Les documents sont conditionnés dans des boîtes « Cauchard » (du nom de leur fabricant). Ces boîtes sont conservées dans les magasins d’archives, sur des rayonnages adaptés. La température dans les magasins doit être maintenue à 18° et l’humidité à 50%. Quand un document est en mauvais état, les archives font appel à un prestataire extérieur pour le restaurer.

Enfin, les documents sont communiqués en salle de lecture auprès du public. La valorisation des fonds passe aussi par des expositions et des publications sur Facebook. Dans la salle de consultation, un lecteur consulte les instruments de recherche grâce à une base de données en ligne ou sur des supports papier pour trouver les documents qui l’intéressent et noter les cotes. L’archiviste, appelé le président de salle, apporte son aide dans cette recherche. Le magasinier va chercher les documents en magasin et les emmène en salle de consultation. En salle, le public doit respecter des règles strictes afin de protéger les documents. Il ne faut pas utiliser de stylo, de flash, boire ou manger. L’établissement réalise des actions de médiation auprès des scolaires comme le programme Guides en herbes permettant aux élèves de CM2 de travailler avec une guide conférencière. Ils construisent des visites guidées sur un lieu afin de la présenter à leurs parents.

Les fonds d'archives

Les archives communales abritent un grand nombre de documents provenant de fonds publics ou privés, utiles à la généalogie, aux démarches administratives et à la recherche historique. L’ensemble des documents est un précieux témoignage de l’histoire de la ville. 529 registres paroissiaux y sont conservés dont les plus anciens datent de 1545 ainsi que des recensements de population remontant à 1790. Le lieu abrite aussi les fonds de l’ancien Hôpital civil de Versailles (devenu l’Espace Richaud), les fonds privés de particuliers, d’associations et d’architectes, des cartes, des plans, des gravures, des photographies, la presse locale et bien d’autres merveilles insoupçonnées.

Nous avons des fonds iconographiques avec des photos, des plans sur les quartiers et des bâtiments qui n’existent plus.” explique Camille. Ces fonds s’enrichissent grâce aux versements administratifs, dons et achats successifs. L’accès aux archives est libre et gratuit pour tous. Tous les documents sont communicables sauf ceux dont la communication porterait atteinte à la vie privée (délai de communicabilité de 50 ans à partir de la date du document), au secret médical (25 ans à partir de la date de décès ou 120 ans à partir de la date de naissance), les actes de naissance et de mariage (75 ans à partir de la date du document) et les dossiers judiciaires (75 ans à partir de la clôture du dossier). Il faut donc respecter les délais de communicabilité qui varient selon le contenu du document. L’établissement conserve aussi plusieurs fonds photographiques. Les plus anciennes photos datent de la fin du XIXe siècle mais beaucoup datent des années 1970 à 1990. Elles immortalisent des écoles, les cérémonies et des vues aériennes des années 1930 et 1950. “On essaye de numériser les fonds les plus manipulés en faisant appel à un prestataire extérieur.” précise Camille. Avant de numériser un document, il faut s’assurer qu’il ne soit pas trop abîmé. Si c’est le cas, il faut le faire restaurer. Les Archives communales possèdent des scanners en formats A3 et A0 permettant de numériser les affiches et les plans.

Versailles avant Versailles

Faisons un court voyage dans le temps. Camille a accepté de nous présenter deux documents exceptionnels qui témoignent d’une période méconnue de Versailles. Son histoire ne commence pas avec la construction du château. Bien au contraire ! Il faut remonter jusqu’au XVIe siècle. Le tout premier registre paroissial de 1545 provient de l’église Saint-Julien. “C’est la première église autour de laquelle s’est créé le village. Elle est située au niveau du Grand Commun près du château.”

Ce document en français ancien est peu lisible pour nos contemporains. Et pourtant il est une vraie mine d’or historique ! En effet, il recense tous les baptêmes, les mariages et les sépultures des habitants.  C’est le seul témoignage des habitants de cette époque. On y voit même leur nom ! A l’intérieur, les actes sont écrits de manière chronologique, au rythme de la vie de la paroisse. Seul ajout du XXe siècle : une retranscription des noms au crayon à papier, visible en marge. Malheureusement, vous n’aurez pas la chance d’admirer cette église car elle a été détruite sous le règne du roi Louis XIV. Il ne subsiste quasiment aucun témoignage iconographique de la bâtisse à part une seule gravure du XVIIe siècle.

Remontons encore plus loin dans le temps ! Nous avons eu la chance de découvrir le document le plus ancien conservé aux archives datant de 1411 ! C’est un morceau de parchemin scellé d’une cire rouge remarquablement bien conservée. Il s’agit d’un récépissé d’une somme de 100 francs signé de la main de Robert de Versailles, seigneur et écuyer du village. C’est un reçu attestant du paiement des impôts. A nouveau, il est impossible de le lire sans avoir des connaissances en paléographie médiévale. En pleine Guerre de Cent ans, le pays est déchiré par une guerre civile sanglante entre les Armagnacs et les Bourguignons. Robert de Versailles sert dans l’armée du roi et est tué par les Bourguignons en 1421.

Voici un extrait du document : “Sachent tous que Robert de Versailles, écuyer, échanson du Roi… confesse avoir reçu d’Alexandre Le Boursier, Receveur général des Aides.. pour la guerre, la somme de 100 francs, en témoignage de ce, j’ai scellé ces présentes de mon scel et signé de ma main le jour d’août, l’an 1411. Versailles”. 

Nous vous invitons à vous rendre aux Archives communales afin d’observer par vous-même la richesse des fonds d’archives qui vous amèneront sûrement à y faire de belles découvertes. Vous ne pouvez pas manquer le lieu car il se trouve en face du château !

Les documents sont entre des mains expertes. Il est temps pour vous de découvrir le métier d’archiviste avec Camille Pin, archiviste en charge des publics et de la médiation.

Un grand merci à Camille pour son accueil et pour sa disponibilité ainsi qu’à Violaine Levavasseur, la directrice des Archives communales, pour son aide .

Archives communales
Grandes Écuries du Roi
1 avenue de Paris
78 000 Versailles
01 30 97 28 79

Horaires d’ouverture : 

Du mardi au vendredi de 13h30 à 17h

Sur réservation au 01.30.97.28.80 ou par mail à archives.communales@versailles.fr

Retrouvez leur actualité sur le site internet de la ville et sur Facebook

Article écrit par Cindy Yesli